La peinture de Louis-Jean GAL est nette, précise, sans ambiguïté ni artifices : elle est vraie et nous réconcilie avec l'Art. Elle porte l'empreinte des Grands. L'humilité qui le guide est un garant du cheminement de son travail : il est le serviteur d'une cause et non sa finalité.
Son œuvre est le résultat de multiples expériences, le reflet d'une réflexion riche qui assimile les grands courants de l'Art contemporain. Empreintes de tendresse et d'humour ses toiles sont le résultat d'un long travail où le hasard n'a pas de place. Il fuit la mode et les systèmes.
Dans ses toiles l'objet garde son essence et s'intègre dans un ensemble dont on ne peut dissocier le plus petit élément ; proche parfois de l'Art non figuratif elles restent sur le plan et le narratif n'y a pas sa place. Le sujet est le support, mais il est esclave de la pensée qui le plie aux lois internes de la composition.
Ses larges à-plats, en pleine pâte, légèrement modulés par endroit, couvrent sa surface en formes équilibrées exemptes de décoration. Le sujet est allusif et guide la réflexion du spectateur.
Par la richesse intimiste des ses demi-teintes ou par l'éclatement des bleus de l'or et du sang elles traduisent la paix, la sérénité, rarement l'angoisse. Véritables hymnes à la vie, nous en gardons la vision comme élément de référence.
Léon Berthier
Rien ne peut remplacer la couleur, elle a son propre langage indépendamment de sa forme, la forme étant l'objet. L'objet, c'est-à-dire la représentation visuelle des choses. Il devient secondaire, depuis Cézanne on sait ça. L'objet n'étant qu'un 'prétexte pour peindre' on peut donc le transformer, le plier à une volonté supérieure qui est la logique de la toile et à la limite le supprimer. La peinture devient totalement abstraite et le peintre est libre d'organiser sa toile à sa volonté. Il se libère totalement du carcan de la réalité visuelle et peut exprimer par la couleur et les formes qu'il crée une réalité qui lui est propre. Cette façon de voir les choses a été un pas en avant dans la recherche plastique. L'Art c'est comme le vélo, si l'on avance pas, on tombe. C'est ce qu'il se passe actuellement. On ne peut se contenter de faire n'importe quoi pourvu que ça soit joli. On ne peu plus garnir des surfaces par des éléments décoratifs qui ne s'intègre pas à l'ensemble. On ne peut plus étaler de la couleur sans forme définie. On ne peut plus se couper de la vie, de notre entourage, de notre époque sans sombrer dans un nouvel académisme. L'Art abstrait a apporté un certain nombre de choses, il a été le témoin d'une époque. Maintenant sa chair a disparu il n'en reste que le squelette. Il devient de la décoration. Il est de la décoration.
L'Art c'est la vie, l'Artiste est un témoin, il ne peut se couper du monde qui l'entoure. C'est à partir de ce moment là que la peinture prend toute sa dimension.
Là est l'essentiel de mon propos : l'objet, quel qu'il soit, reste le fils qui rattache à la vie, à l'environnement, à l'époque ; non pas l'objet dans sa réalité visuelle, je dirais dans sa réalité photographique, mais l'objet dans sa réalité plastique. Soumis à la logique de la toile, transformé, transcendé il devient alors la passerelle entre le spectateur et le peintre et exprime une réalité supérieure il devient une clé qui permet d'entrer dans l'univers de l'œuvre. Il devient alors un Cerbère vigilant qui oblige le peintre a supprimer tout ce qui n'est pas utile, a fuir la décoration, les systèmes, a faire du « joli » à composer sa toile pour éviter de se perdre dans ce qui n'est pas l'essentiel, en un mot il doit exprimer l'essence des choses. Alors, pourquoi se priver du Sésame que représente l'objet dans sa forme plastique ?
Peut-être est-ce une idée fausse ?
L'avenir le dira, pour l'instant, c'est le sens de ma démarche picturale.
Louis-Jean Gal